Aretha Franklin : la vie hors-norme de la “Queen of Soul”
Elle était l’une des voix les plus célèbres du siècle. La reine de la soul, Aretha Franklin, est morte à l’âge de 76 ans. La chanteuse américaine laisse derrière elle un héritage considérable et une vie romanesque.
En 45 ans de carrière, elle a décroché quelques 18 Grammy Awards, les récompenses les plus prestigieuses de la musique aux États-Unis (et donc au monde). Elle a même remporté un Golden Globe pour sa chanson Never Gonna Break My Faith dans le film Bobby sorti en 2006. Elle a son étoile sur le Hollywood Walk of Fame, une médaille présidentielle de la liberté (sorte de Légion d’honneur américaine), elle a reçu des diplômes honorifiques des plus prestigieuses universités de son pays : Princeton, Yale, Harvard, Brown…
Elle a chanté pour le président Obama lors de son investiture, elle a chanté pour Elizabeth II, elle a chanté avec les artistes les plus talentueux de ces dernières décennies, mêlant ainsi sa voix soul à des dizaines de registres musicaux différents. Une voix qu’elle tient de ses parents.
La soul en héritage
La jeune Aretha est née le 25 mars 1942 à Memphis dans l’État du Tennessee et a passé son enfance plus au Nord à Détroit dans le Michigan. Son attirance pour le gospel et la soul, ses deux registres de prédilections vient de ses parents. Sa mère était une chanteuse de gospel et une pianiste et son père un prêcheur itinérant.
C’est son père, Clarence LaVaughn Franklin, surnommé “l’homme à la voix qui valait un million de dollars” qui s’est chargé principalement de l’éducation d’Aretha après sa séparation avec la mère de cette dernière, Barbara. Après le divorce, Barbara continuera de rendre visite à ses enfants, même si la régularité de ces visites fait débat entre les biographes de la famille Franklin. Elle mourra quelques années plus tard à 34 ans, le 7 mars 1952, d’une crise cardiaque.
Mère à 12 ans
Aretha Franklin est devenue mère extrêmement jeune. Elle est tombée enceinte de son premier fils, Clarence à 12 ans. Le père était un camarade d’école, Donald Burk. À 14 ans, elle a son deuxième fils, qui aura le même prénom que son père : Edward. Ce sont les grands-mères de la famille qui se sont occupées de garder et éduquer les enfants pendant l’adolescence d’Aretha.
Son troisième fils, Ted Jr., né en 1964, il sera l’un des guitaristes de sa mère. Son père, Ted White, est le premier époux d’Aretha. Ils se sont mariés contre l’avis de leurs parents en 1961 avant de divorcer 8 ans plus tard après de nombreux conflits au sein du foyer. Aretha a son dernier fils Kecalf Cunningham, en 1970. Le père est le manager des tournées de la chanteuse. La chanteuse s’est mariée une seconde fois, au sein de la paroisse de son père, avec l’acteur Glynn Turman, un mariage qui n’a tenu que 4 années.
Les premiers succès
La célébrité des sermons du père d’Aretha mit sur la voie de la chanteuse un certain nombre de grands noms du chant gospel comme Clara Ward, James Cleveland, Albertina Walker et Inez Andrews. Et même un certain Martin Luther King Jr.
Aretha Franklin s’est consacrée très tôt à sa carrière musicale avec son père qui l’emmenait dans ses tournées. Elle a arrêté le lycée en classe de première et a signé son premier contrat avec J.V.B. Records et publié son premier album, Song of Faith, en 1956. En janvier 1961, une de ses chansons est entrée dans le prestigieux classement Billboard Hot 100.
En 1966, Aretha Franklin était sur la pente ascendante. Elle a signé avec Atlantic Records après six ans chez Columbia et a connu ses premiers succès commerciaux. I Never Loved a Man (The Way I Love You), Do Right Woman, Do Right Man et sa reprise très entêtante du hit d’Otis Redding, Respect, font un carton.
Au sommet de son art
Dans les années 70, elle a enchaîné les succès et vendu près de deux millions de copies de son Amazing Grace. En 1980, elle a chanté pour la reine Elizabeth II au Royal Albert Hall. En 1985, elle a obtenu son premier disque de platine pour Who’s Zoomin’ Who?. Elle n’a jamais hésité à se moderniser et cela se voit notamment dans ses duos : I Knew You Were Waiting For Me avec George Michael est un exemple. Quelques années plus tard son album Jewels In The Crown: All-Star Duets With The Queen compilait une myriade de ces duos d’exception avec Elton John, Frank Sinatra, John Legend, Mary J. Blige, Whitney Houston, Mariah Carey ou Keith Richards…
En 1998, elle est restée à l’écoute de son époque et triomphait avec A Rose Is Still A Rose, une chanson plus urbaine produite par Lauryn Hill. En 2006, elle a offert sa voix désormais légendaire au Super Bowl XL qui prenait place dans sa ville de Detroit et en 2009 elle chantait lors de la cérémonie d’investiture de Barack Obama, premier président afro-américain de l’histoire du pays.